La Faculté

Mot du Doyen


La Faculté de Médecine et de Pharmacie d’Oujda (FMPO) a vu le jour en 2008 grâce à la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que dieu l’assiste, et qui a voulu faire jouir la région de l’oriental de toute l’autonomie qu’elle mérite et dont elle a besoin notamment au plan des infrastructures socio-économiques et éducatives. Nous sommes donc à plus de 13 ans d'activité et force est de constater que nous sommes en présence de 3 grandes catégories de chantiers : une première catégorie qui a été menée à bon port mais qui nécessite évaluation et amélioration, une 2ème catégorie partiellement réalisée qu'il s'agira de poursuivre sans relâche, et enfin une 3ème catégorie qui, démarrage oblige, n'a pu à ce jour être entamée en bonne et due forme. De ces 3 catégories, découlent donc 3 challenges cardinaux que nous ne pouvons relever qu’en ayant fait au préalable un état des lieux aussi panoramique que détaillé de manière à assortir le regard d’ensemble d’une vision suffisamment profonde, critique et fine de notre situation interne et de notre positionnement dans notre environnement.

Le projet de développement de la FMPO pour les années à venir s’est donc articulé dans sa conception sur cette logique méthodologique tout en étant conscient qu’un établissement de l’envergure d’une faculté de médecine ne peut en aucun cas être géré par un seul individu mais par toute une équipe voire par toute l’équipe sans aucune restriction ou exclusion de quelle que nature que ce soit. Les enseignants, les étudiants et le personnel administratif et technique mais aussi la société civile doivent donc chacun de son côté mettre sa pierre à l’édifice dans une institution qui appartient par essence à tous les marocaines et marocains sans exception. La gouvernance, le développement personnel, la formation initiale, la formation continue, la recherche et la production scientifique, le rayonnement et la coopération, la budgétisation et la concrétisation logistique et financière et enfin l’autoévaluation, seront les volets cardinaux de notre plan d’action pour les prochaines années.

En ce qui concerne le volet de la gouvernance, nous avons l’opportunité d’avoir en notre possession 2 rapports forts à la fois de leurs recommandations superposables et de leurs sources d’information aussi différentes que complémentaires. Le premier rapport est celui de la cour des comptes de 2018 et le 2ème est le rapport d’autoévaluation interne opéré et élaboré en 2016 par une équipe appartenant majoritairement à la FMPO. Une des premières mesures qui doivent être entreprises est donc de décortiquer ces rapports et d’apporter des réponses concrètes, rapides et efficientes aux différentes observations qui en émanent.

Nul ne peut se faire sans un capital humain compétent et motivé. Nos étudiants et médecins en formation ont besoin d’être écoutés et épanouis. Nos enseignants doivent obligatoirement être accompagnés dans leurs projets de carrière individuels et collectifs, et notre personnel administratif et technique ne doit en aucun cas se réduire à de simples exécuteurs et se contenter des tâches administratives machinales et purement techniques. Tout le monde doit non seulement progresser mais aussi sentir, ressentir et faire sentir cette progression. C’est de là, et que de là, que naîtra, grandira et se renforcera ce sentiment d’appartenance ô combien précieux et sans lequel il est juste impossible de faire avancer l’établissement.

Clairement, la formation initiale a eu la part belle de ce qui a été entrepris au sein de la FMPO depuis son démarrage. Le recul que nous avons en la matière est donc substantiel avec une idée assez claire sur les champs d’intervention et d’amélioration prioritaires suivants:

  • La correction du déficit quantitatif en terrains de stage et de formation pratique car avec plus de 2500 étudiants et médecins en formation et seulement 673 lits d’hospitalisation, le décalage parait évident. La FMPO s’est déjà engagée dans un processus d’acquisition de matériel de formation par simulation et compte à ce titre devenir un centre de référence. La condition toutefois sine qua non étant de garantir une adéquation parfaite entre le matériel acquis et les besoins exprimés, une visibilité optimale d’usage et enfin la formation des formateurs à même de nous procurer une véritable autonomie en la matière.
  • L’innovation pédagogique qui représente une priorité absolue. L’idée étant de former sur des bases pédagogiques scientifiques et institutionnalisées des médecins qui maitriseront une fois praticiens accomplis l’art du raisonnement clinique, la culture du travail de groupe et enfin et non des moindres l’approche biopsychosociale.
  • La responsabilité sociale de la FMPO qui doit faire partie intégrante de la formation initiale car au final il ne s’agit pas de former des « réparateurs » de « pannes organiques » mais des « humains » soignant d’autres êtres « humains ». A ce propos, la FMPO veillera à avoir son forum socio-culturel annuel ainsi que son hôpital mobile pédagogique qui permettra de contribuer activement à résoudre 2 autres grands problèmes en l’occurrence l’accès difficile aux soins dans une région orientale géographiquement très étendue et le manque en terrains de stage. Toujours dans le cadre de cette responsabilité sociale de la FMPO, un projet qui nous tient tant à cœur et que nous allons lancer dans les plus proches délais est le projet « Handicap » qui permettra à la FMPO de commencer à recevoir dans des conditions optimales les étudiants en situation de Handicap.
  • La mise en place de la filière de pharmacie qui ne sera pas une simple imitation des autres facultés du royaume. Notre rationnel au sein de la FMPO nous est propre, celui de combler le déficit en pharmaciens spécialistes, de promouvoir le rôle central du pharmacien d’officine et enfin de produire des profils à forte employabilité dans un pays maintenant connu et reconnu comme un pionnier de l’industrie pharmaceutique à l’échelle locale, régionale et internationale.

La formation continue est non seulement un champ structurant et une source intarissable de fonds propres pour la FMPO mais aussi une urgence absolue et un devoir moral. Institutionnaliser, évaluer les besoins auprès de tous les professionnels de santé de la région et mettre en place des formations qui doivent faire partie de l’identité et de la structure de notre établissement (pédagogie médicale, rédaction médicale, recherche clinique, enseignement distanciel, hygiène hospitalière…), telles sont les priorités à considérer à ce propos.

Pour ce qui est de la recherche et de la production scientifique, tous les moyens doivent être mobilisés afin d’améliorer 2 aspects encore problématiques chez nous et qui ne sont autres que la substance insuffisante et l’esprit d’appartenance non encore aiguisé chez nos équipes. Notre bilan demeure modeste et nous n’avons pas suffisamment le réflexe de mettre en relief notre affiliation à la FMPO. En d’autres termes, nous produisons peu et nous valorisons peu ce que nous produisons. Là aussi, il y a du travail à faire pour institutionnaliser, faciliter la logistique, impliquer toutes les équipes et encourager toutes les potentialités capables d’enrichir notre produit et de nous rendre visibles et reconnus nationalement et internationalement.

La coopération et le rayonnement doivent être le reflet et le fruit d’un authentique et profond état d’esprit. Inspirer et s’inspirer, donner et recevoir, être généreux, sûrs de nos capacités et en même temps humbles, curieux et réceptifs à tout ce qui nous vient de l’autre. La revue médicale, le forum annuel et l’intégration des réseaux de coopération nationaux et internationaux constituent le trépied sur lequel reposera notre politique d’ouverture dans le futur. Par ailleurs, la coopération, avant qu’elle ne soit internationale et nationale, se doit d’être d’abord et avant tout locale. Notre université-mère nous offre un climat plus que propice à la collaboration, à l’épanouissement scientifique et à la synergie avec les autres établissements toutes disciplines confondues.

Le budget n’est pas une fin ni un début en soi. Il faudra qu’on soit créatifs et pertinents, qu’on puisse argumenter nos plans d’action, nous engager et expliquer les retombées potentielles de nos interventions pour avoir gain de cause. Par la suite, ce sont nos résultats positifs et nos engagements honorés voire surpassés qui nous permettront de pérenniser la confiance et viabiliser nos liens privilégiés avec nos partenaires. Mettons-nous donc au travail et le reste suivra automatiquement.

Aucun projet ne peut espérer réussir sans une démarche d’autoévaluation sincère, objective et régulière. La qualité doit être une culture, un réflexe et donc un exercice quotidien avant d’être une démarche d’institution. Quand il y a des anomalies, des incomplétudes ou des erreurs, autant les détecter précocement et à leur début car à un stade avancé, il est fort probable que les dégâts soient majeurs et définitifs et les séquelles irréversibles.

Ce bref aperçu donne une idée sur les principales lignes directrices d’un projet facultaire ambitieux mais sans doute perfectible. Les suggestions, les compléments, les remarques et les réflexions de l’ensemble des équipes de la FMPO et des partenaires sont plus qu’indispensables. J’invite donc tous les acteurs à prendre part corps et âme à cette dynamique pour qu’on fasse tous ensemble de notre faculté un temple de la pédagogie médicale, de la recherche scientifique et des valeurs humanistes les plus nobles.

Je ne peux enfin clore mon discours sans rendre hommage à un grand homme, Mon maître Mr le Pr Abderrahim Azzouzi, cette personne aux qualités professionnelles et humaines exceptionnelles m’a personnellement, et sans doute nous a tous, fait aimer la médecine par son humanité et son dévouement pour ses patients. Je suis certain que même s’il quitte physiquement la FMPO, il restera à notre écoute pour nous faire bénéficier de sa sagesse, son expérience et ses conseils à chaque fois que nous nous retrouverons en situation de difficulté. Cher maître, merci du fond du cœur pour votre générosité sans fin et pour tout ce que vous avez fait et tout ce que vous allez continuer encore à faire pour la FMPO et pour l’enseignement de la médecine au Maroc.

 

 

Professeur Khalid SERRAJ

Doyen de la Faculté de Médecine et de Pharmacie d’Oujda